Un regard vers le passé et le futur

January 21, 2016

Entretien avec Harout Chitilian
Par Sananne Wartabetian


C1

Né au Liban, Harout Chitilian a immigré au Canada à neuf ans et est un ancien de l’école Alex Manoogian de l’UGAB. Aujourd’hui conseiller municipal pour la ville de Montréal, il nous donne ses avis sur l’école et nous raconte ses expériences marquantes.
1. En tant que conseiller municipal, que pensez-vous de l’école Alex Manoogian?

HC : L’école joue un rôle primordial dans la formation académique de la jeunesse montréalaise d’origine arménienne. Elle est également, depuis quelques années, un pilier important des services d’accompagnement et d’accueil déployés par les différentes institutions pour faire face aux flux de réfugiés provenant de différentes régions du Moyen-Orient. Finalement, au-delà de la formation académique, on salue la volonté de l’administration actuelle de miser sur l’enseignement des rôles et responsabilités civiques exercés par chacun des citoyens de notre société démocratique.

2. Depuis un moment, bon nombre de changements s’opèrent dans l’école. Vous qui la visitez souvent lors d’occasions spéciales, comment réagissez-vous face à ces nouveautés?

HC : En 2013, j’ai assisté avec beaucoup d’intérêt à l’ouverture de la nouvelle bibliothèque numérique, qui sera un outil incontournable dans l’offre de service de l’établissement. J’ai aussi participé avec beaucoup d’émotion, au mois de mai de cette année, aux festivités du 45e anniversaire qui ont réuni des centaines de finissants. Bref, le renouveau actuel est bénéfique à la préservation et l’évolution de cette institution qui œuvre auprès de la communauté depuis plus de quatre décennies.

3. Depuis que les conflits ont émergés au Moyen-Orient, l’école accueille des enfants de familles refugiées, plus spécifiquement syriens et iraquiens. Que pensez-vous que le gouvernement municipal pourrait faire pour aider l’école dans cette mission?

HC : La Ville déploie déjà des ressources importantes dans ces différents quartiers pour adresser le besoin de ces concitoyens en habitation, développement social et intégration économique. Par contre, les défis futurs vont nécessiter une bonification de ces services, et celle-ci devra se faire à travers une collaboration de toutes les instances gouvernementales. Ultimement, les gouvernements devront collaborer ensemble pour établir ces politiques publiques et programmes pour l’accueil de gens qui quittent forcément leurs pays dans le Moyen-Orient.

4. Racontez-nous une anecdote amusante de vos années à l’école Alex Manoogian.

HC : Il y a tellement d’histoires, par contre je dirais que celle qui m’a marquée était ma première journée à l’école au mois d’août 1990. Je venais de quitter le Liban avec ma famille, un pays ravagé par 15 ans de conflits et de violence, et j’aboutissais dans ce havre de paix qui était le Canada. Cette première journée à l’école était extrêmement difficile parce que j’ai réalisé qu’il fallait repartir de zéro. Je ne parlais ni le Français, ni l’Anglais, et je n’avais pas d’amis dans ma nouvelle classe. Cependant, dès les premiers instants, notre intégration a été facilitée par trois piliers de l’école : Madame Vartouhie Balian, la directrice générale, Madame Denise Vincent, notre enseignante de 5e année et Madame Nicole Vachon, qui passait les midis et les soirs à nous enseigner la langue de Molière. Je suis et je serais toujours reconnaissant envers toutes ces personnes qui ont contribué à leur façon à toutes les réussites qui ont suivi plus tard dans ma vie.

5. Souhaitez-vous dire quelques mots à la direction et aux élèves de l’école?

HC : J’aimerais les référer à une citation du philosophe grec Socrate :

« Tout ce qu’on m’a enseigné durant ma vie, toutes les sciences humaines que j’ai étudiées et approfondies, toutes les recherches enfin que j’ai faites sur le principe et l’essence des choses, ne m’ont servi qu’à savoir que je ne sais rien. »

On apprend toujours au courant de notre vie, autant à l’école qu’à l’extérieur, et il faut toujours préserver notre curiosité et notre appétit d’apprentissage indépendamment de notre âge.

Un grand merci à Harout Chitilian pour ces réponses éloquentes.